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Laboratory Aim Density – L.A.D. 3

Projection et écoute

La sélection LAD 2021 regroupe près d’une vingtaine de films contemporains faits sur support argentique suite à un appel lancé auprès d’un réseau international de laboratoires cinématographiques gérés par des cinéastes et des artistes nommé filmlabs.org.

Ce réseau international est composé d’une soixantaine de laboratoires très disparates d’un point de vue technique: de la simple chambre noire où l’on développe à la main de manière artisanale, à des équipements complets et pointus. Ces structures se rassemblent sur une démarche et des valeurs communes : la mise en commun d’outils de production, l’intégration des manipulations techniques dans les processus de création, l’échange de savoir, l’entraide, la revendication d’une création libre, détachée des conventions et en marge d’un système économique dominant.

L’appel à films lancé par Mire pour cette quatrième édition de Prisme a été un vrai succès. Deux fois plus de films ont été soumis à la sélection que lors des précédentes éditions. Qu’il est réconfortant de voir que la création sur support photochimique ne cède pas à la morosité environnante ! Cette production internationale s’affirme toujours autant féminine que masculine et témoigne de la vitalité du réseau des laboratoires de développement DIY.

Œuvres à la lisière de l’expérimental et du documentaire, portraits hauts en couleur de personnages atypiques, symphonies urbaines, échappées bucoliques, ritournelles entêtantes, explorations de mémoires et archives familiales et/ou personnelles.
Et toujours ce medium argentique que l’on scrute dans ces plus infimes détails.
Trois séances de L.A.D. sont désormais nécessaires pour arpenter la richesse de la production actuelle.

 

      Tous les fleuves s’appellent le Nil de Gustavo Jahn
      2021 / 16mm / 8’

En flânant au bord d’une rivière, nous sommes traversés par des images scintillantes réfléchies sur la surface verte de l’eau. Le paysage nous transforme, en même temps que nous le traversons et le transformons en retour.« Tous les fleuves s’appellent Le Nil » est un court métrage expérimental poétique. Les images du film sont le produit de rencontres, avec la nature et avec les gens aussi. Ce sont des images qui respirent, qui existent dans leur propre temps et qui nous invitent à échanger notre propre temps avec leur temps.

 

There is de Lena Ditte Nissen
2020 / 16 mm vers DCP / 16’

THERE IS circule autour de l’artiste et cinéaste Margaret Raspé (*1933), de sa position dans le monde et des automatismes, qui jouent un rôle important dans son travail.
Margaret Raspé est une pionnière du cinéma expérimental féministe allemand et ses films et œuvres d’art ont bénéficié d’un regain d’attention ces dernières années avec une rétrospective au cinéma Arsenale à Berlin et l’inclusion de son film LET THEM SWING de 1973 à la Berlinale 2019. Son oeuvre est archivée par la Deutsche Kinemathek.

 

Seam de Sheri Wills
2021 / S8 vers DCP/ 3’

Court métrage expérimental tourné sur un film Super8 qui explore des périodes qui se chevauchent, attirant l’attention sur les marges de l’expérience.

 

 

Marc Baron
40’ / Film sans images joué en direct

Compositeur de musique pour haut-parleurs, Marc Baron entretient un rapport quotidien au son, dans un rapport essentiellement intime et domestique… Home-studio ! Avec le microphone et la bande magnétique, il collecte et fabrique des sons et joue de toutes les spécificités de ce support. Convoquant aussi bien le grain particulier de ce support de combat que l’imaginaire propre aux machines anciennes, il enregistre, sur-magnétise, triture, torture et transforme la matière sonore pour composer à partir des artefacts issus de ces expériences techniques.
Entre un réalisme d’apparence et le désir du plus grand flou, la musique de Marc Baron se joue en tension, en micro-détails épatants de précision, en traces fantômatiques d’événements sonores qui ont eu lieu avant le moment même de la diffusion : fragmentation espace-temps !

 

Sensitive Material de Nataliya Ilchuk
2021 / 8 mm vers DCP / 26’

Le point de départ de ce film est le tournage spontané de quelques instants de bonheur et une discussion enregistrée au hasard. Dans une conversation douloureuse avec ses parents, l’héroïne principale, Lilia, qui a 50 ans, parle de son traumatisme mental résultant de leurs querelles incessantes pendant son enfance, tandis que sa mère justifie le manque d’amour par des cadres stricts établis par la société totalitaire.

 

Berlin Feuer de Pedro Maia
2018 / 35mm vers DCP / 5’

Une ode à l’érosion et au pouvoir du feu.
Une étude sur la disparition et la désintégration.
Suivant la ligne de travail de Maia, ce nouveau film est construit à partir de film 35 mm manipulé, dans ce cas particulier avec des scans haute résolution de film nitrate d’un incendie berlinois inconnu datant des années 40. Cette oeuvre est une étude sur la disparition et la désintégration. Ces archives montrent une scène de feu filmée sur du film nitrate, support hautement inflammable. Il était courant pour ce genre de film de s’enflammer durant la projection, mais paradoxalement ces archives ont survécu au feu qu’elles ont filmé et ce ne sont pas les flammes qui ont endommagé leur matière, mais le passage du temps.

 

A proposal to project in Scope de Viktoria Schmid
2020 / 35mm / 8’

Filmé en 35 mm au cours d’une journée, entouré de dunes, de mer et de forêts sur la côte lituanienne, Schmid reconfigure l’écran comme une toile vierge sur laquelle la lumière du soleil, le vent et l’ombre créent une nouvelle forme séduisante d’art cinématographique. Viktoria Schmid met l’environnement hors cadre, transformant l’écran en une sculpture dans les dunes. Le vide grand écran devient une surface de projection pour un jeu d’ombre et de lumière, de soleil et d’arbres.