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L.A.D. 2 & 3

Projections - PRISME #6

Le Laboratory Aim Density* de Prisme #6 est une programmation de trois séances de films tournés récemment en super 8, 16 ou 35 mm.

Notre appel à films reçoit chaque année de plus en plus de films, cette année près de 300 ! Nous en avons sélectionné 18 (Ukraine, Pologne, Allemagne, Autriche, Canada, États-Unis, Australie, Argentine, Bolivie, Angleterre, République Tchèque), et, comme il nous tient particulièrement à cœur, la très grande majorité sera projetée en argentique.

Le L.A.D. de cette année explore des temporalités autres que la nôtre trop humaine, celles animales et végétales, séculaires, qui supplantent nos dates et nos allures par leur endurance et leur discrétion. Quand une espèce disparue ne semble plus qu’appartenir au passé, elle brille encore dans le repli de nos mémoires. Ainsi cette nature, malmenée par notre quotidien planifié et nos habitats bétonnés, fleurit de toute part, malgré tout, au-dehors et au-dedans de nous. Son rythme est une profonde respiration qui ne connaît pas de fin. Cet éternel retour, que tente de décortiquer une science qui ne peut rien sans poésie, nous est offert par ces films qui, eux, peuvent tout avec poésie.

*la « L.A.D » ou Laboratory Aim Density est une bande de film étalon standard de Kodak– représentant des niveaux de densité noir et de blanc, des couleurs et un visage (traditionnellement celui d’une femme) – permettant de contrôler le tirage de copies.

 

PROGRAMME :

  • L.A.D. 2 – 14h30

Turbulence de Telemach Wiesinger
DE / Lichtbild Wiesinger / 2022 / 16mm / 15′
Le film-poème Turbulence se place dans un champ de tension entre une fantaisie surréelle et une réalité feuilletée/multicouche. Les images de Telemach Wiesinger d’aéroplanes depuis la perspective du voyageur rencontrent les objets cinétiques ailés du compositeur Alexander Grebtschenko. Électroniquement commandable, les « Chimera’s » – élégantes ailes d’oiseau couplées à un mégaphone- déploient leur présence par un « jeu » expressif. Le dialogue entre les niveaux de sons et d’images laisse la place à l’émotion, la pensée et l’interprétation.

Color Test Program de Stefanie Weberhofer
AUT / FilmKoop Wien / 2022 / 35mm / 4’30
Le responsable technique du programme couleur à l’ORF, Mr. Vostrowsky, explique la transition télévisuelle du noir et blanc vers la couleur. L’interview avait été tournée en noir et blanc : une erreur qu’il fallait rectifier.

 

Bus, Turning de Richard Tuohy & Diana Barrie
AUS / Nanolab & CraterLab / 2022 / 16mm / 7’10
Barcelone, dans les instants suivants le référendum pour l’indépendance. Tourné sur un stock de film noir et blanc et utilisant une réinvention de la technique de séparation de couleurs. Dédié à l’esprit d’indépendance dans le monde entier !

Traction de Jenny Baines
UK / 2023 / 16mm / 2’46
Traction
met en scène l’artiste dans une lutte acharnée avec un adversaire hors-champ, perçu uniquement à travers son ombre latente. La tension de la corde fluctue tout le long de ce combat non-chorégraphié où l’endurance physique de l’artiste est mise à l’épreuve.

Oxygen de Karel Doing
UK / Ox-Ex / 2023 / 16mm / 6’03
Des brins d’herbes s’élancent en travers de l’écran.

 

Heliotropy de Alexandra Moralesova & Georgy Bagdasarov
CZ / Labodoble / 2023 / 16mm / 5′
L’héliotropie est une vénération du soleil impressionnée sur pellicule lors du solstice d’été, observée du point de vue de l’homme et de la plante. La flore nourrie par le soleil passe de l’image à une solution qui embrasse la pellicule et développe avec ses sucs sa propre image.

La noirceur souterraine des racines de Charles-André Coderre
CA / Double Negative / 2023 / 16mm / 10′
Tourné au Québec, La noirceur souterraine des racines est un triptyque sur pellicule 16mm utilisant plusieurs procédés propres au cinéma argentique. Le film cherche à faire vivre une expérience sensorielle de la vie invisible des pierres, des plantes, de la nature qui nous entoure. C’est une plongée au cœur de la matière.

 

  • L.A.D. 3 – 16h30

With the tide, with the tide de Anna Kipervaser
USA / 2022 / 16mm / 2’49

I know, you’re a seasonal beast
Like the starfish that drift in with the tide
With the tide
So until your blood runs
To meet the next full moon
Your madness fits in nicely with my own
With my own
Your lunacy fits neatly with my own
My very own

Sea Song by Robert Wyatt

kaua’i ‘ō’ō de Samy Benammar
CA / 2023 / 16mm / 4’19
En 2000, L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature déclare l’extinction officielle du Oʻō de Kauai. De cet oiseau endémique de l’île hawaïenne éponyme, il ne reste que son chant enregistré par l’ornithologue David Boynton. Entre les territoires et les cimes, j’espère retrouver la trace des oiseaux disparus.

Spoils de Luciana Decker Orozco
BOL, USA / 2023 / 16mm / 7′
« Ici, entre nous, je veux que tu saches la vérité. Il y a dans ma triste solitude une envie de hurler, de fuir et de demander ce qui est advenu de ta vie tuturururu. » Une chanson d’amour dédiée aux fantômes qui ne peuvent parler pour eux-mêmes. Une accumulation de couleurs printanières, de déchets alimentaires, de déchets de guerre, de créatures évidés et de fossiles.

Osmose de Laurence Favre
CE / 2022 / 16mm / 11′
Exploration sensorielle de la forêt et des tensions qui l’habitent, Osmose entremêle images de pure chlorophylle et noirs denses de forêts calcinées. La dynamique de ces cycles de vie et de mort imprégnés de façon picturale sur la pellicule 16mm est amplifiée par une bande sonore articulant des sensations d’angoisse et d’apaisement.
Après le portrait poétique d’un glacier (Résistance, 2017), Osmose est la poursuite d’une plongée animiste dans des environnement donnés à voir comme des métaphores de nous-mêmes.

Parallel Botany de Magdalena Bermudez
USA / 2023 / 16mm vers vidéo / 11’08
Des natures mortes filmés de fruits font face à des illustrations botaniques de galles de plantes afin d’exposer le paradoxe de la dissection : à chaque fois que nous coupons quelque chose en deux, nous sommes seulement en train de créer un nouvel extérieur.

Ashes by name is man de Ewelina Rosinska
DE / 2023 / 16mm vers DCP / 20′
« J’ai lu dans les écrits d’un peintre que, pour lui, le paysage polonais semble constamment dirigé notre regard vers le sol, nous amenant à scruter, non pas l’horizon lointain, mais ce qui se trouve sous nos pieds, les os enterrés sous nos pas.

Le film se déplace entre un portrait de mes grand-parents octogénaires et le regard que je porte sur les éléments et l’imagerie du récit catholique nationale contenu dans le paysage polonais. Le titre Ashes by name is man est emprunté à un panneau d’affichage d’une église de Nowa Grobla à Roztocze. Au centre de mes explorations se trouve la rage des collines de Roztocze tandis que Cracovie et Lviv marquent le périmètre de mon terrain de tournage.»