Reflets du cinéma expérimental allemand – après la chute du mur de 1989

Donner une vue d’ensemble du cinéma allemand depuis la chute du mur de Berlin est évidemment un exercice très subjectif. Les 13 films programmés développent les thèmes qui semblent récurrents et caractéristiques de la création expérimentale allemande. L’appartenance au collectif, le recours à l’histoire du cinéma, la place de soi et l’attention donnée à la texture de l’image, autant d’éléments qui ont parcouru les dernières décennies.
Les cinéastes présentés ne sont pas tous nés en Allemagne mais y travaillent, ce qui reflète l’ouverture du pays après la chute du mur et renoue avec le côté dynamique et cosmopolite de l’Allemagne de l’avant-guerre. Cette mixité fait de la scène allemande du cinéma expérimental une des plus fertiles actuellement.

// Programme proposé en partenariat avec Atmosphère 53 dans le cadre du Festival Reflets du Cinéma Allemand (18 mars au 1er avril en Mayenne) et avec le Cinématographe dans le cadre d’un Petit Programme

– Mercredi 26 mars à 20h30 – à Nantes

au Cinématographe, 12 bis rue des Carmélites – Nantes
5€ / 3€ / Gratuit (adhérents)

– Vendredi 28 mars à 20h30 – à Laval

à L’Avant-scène,  33, allée du Vieux Saint-Louis – Laval

 

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2 CHINESISCHE ZEICHEN de Thomas FELDMAN

ONE PUSSY SHOW de Anja CZIOSKA 3

O.T.99 de Monika SCHWITTE

ICH BIN 33  J'AI 33 ANS de Jan PETERS 2

PLAY de Christoph GIRARDET & Matthias MÜLLER

ENERGIE! de Thorsten FLEISCH 1

TEACHING THE ALPHABET de Volker SCHREINER 3

FALSE FRIENDS de Sylvia SCHEDELBAUER 2

DRIFT de Christina VON GREVE

THE HANDEYE BONE GHOSTS de OJOBOCA 2

VIDÉOCANCER de Oscar Kranc 2

2 CHINESISCHE ZEICHEN de Thomas FELDMAN
1982 / 16 mm / coul / son / 2′ 30 /

«Les films de Thomas FELDMAN ne sont représentés ni par l’imagination ni (moins) par le cours des événements. Jusqu’à la fin des films, leur vraie nature est le drame qui trouve un endroit aux frontières et aux bords de l’existence, dans lequel il va se concentrer et s’intensifier et c’est pour cela que c’est une image. L’action se passe moins dans les images qu’entre les images, dans la sphère étroite de l’obscurité, qui joint l’image avec l’image et d’où ils tirent leur mystère…
Mouvements, rythmes, coupes: ces éléments donnent aux films de Feldman leur langage du corps, l’invocation de leur matérialité, leur érotisme. Tous les films sont marqués par l’imprévu: comme une douleur subite, comme un bonheur épanoui, comme la transgression des limites ou des barrières, comme l’explosion des couleurs.» S. Schädler.

15 TAGE FIEBER de SCHMELZDAHIN
1989 / Beta SP / coul / son / 15′ 00 /

Le Schmelzdahin Collectif (Jochen Lempert, Jürgen Reble et Jochen Müller) de Bonn était très actif dans la période 1983-1989. Leur approche irrévérent au matériel de film reste toujours attrayante. Les films ont été enterrés, noyé ou accroché dans un arbre pour permettre aux éléments de faire leur travail. Dans leur approche, ceci est un effet purifiant, en conséquence de quoi, le film acquiert une nouvelle réalité qui remplace l’illusion originale.

«Nous étions légèrement fiévreux lorsque nous nous avons commencé à travailler avec un procédé couleur particulier. Au développement, on a obtenu de merveilleuses tonalités de bleu et de jaune ainsi que des solarisations colorées. Ébahis, on a donc utilisé ce procédé pendant 15 jours. Puis la fièvre est retombée. A cette période on écoutait la musique de Gilbert et Lewis et c’est pour cela qu’on en a mis un morceau sur la bande-son.» Jürgen REBLE.

HOME STORIES de Matthias MÜLLER
1991 / 16 mm / coul / son / 6′ 00 /

Matthias Müller, a été étudiant en art et littérature à l’université de Bielefeld et à la Braunschweig Shool of art. Il est considéré comme l’un des plus importants réalisateurs allemands.
Ses films riches en images, des collages aux raccords invisibles mêlent des images personnelles à d’autres. Ses films varient entre poèmes d’amour et commentaires sarcastiques sur les stéréotypes sexuels hollywoodiens. Elle crie. Elle tombe dans le silence. L’attente de la terreur la terrasse. Mais ce à quoi elle fait face n’est rien de plus que le point de vue de l’observateur. Elle est observée. Des clichés du mélodrame produisent un drame de stéréotypes. Le montage brillant dévoile les mécanismes du voyeurisme dans ce film de Matthias Müller. CRAC Languedoc-Roussillon

 

ONE PUSSY SHOW de Anja CZIOSKA
1998 / 16 mm / coul / son / 6′ 30 /

«ONE PUSSY SHOW est une performance filmée. J’ai mis en marche ma caméra 16mm et j’ai joué avec des pièces de ma collection de vêtements (1988-1998). On me voit me changer, danser et faire des choses drôles sur un fond musical des années 60. Je n’ai pas arrêté la caméra. L’action se déroule en 2 fois 3 minutes à 12 images/seconde. Je me suis bien amusée.» Anja CZIOSKA.

O.T.99 de Monika SCHWITTE
1999 / 16 mm / coul / sil / 3′ 00 /

«Dans toute son abondance et sa dispersion, le film construit une concentration paradoxale.
Il incorpore beaucoup d’éléments corollaire dans l’espace restreint de ses images.
Le film semble contenir une encyclopédie des interrelations entre l’image, le regard et la pensée.» Julian Heynen

 

ICH BIN 33  J’AI 33 ANS de Jan PETERS
2000 / 16 mm / coul / son / 3′ 33 /

Chez Peters, le film est toujours en création et en devenir. Ses films adoptent généralement la forme de  » journaux intimes « . L’artiste filme journellement son environnement quotidien, adjoint aux images captées moult observations et appréciations puis monte l’intégralité de façon chronologique. En s’inspirant de son ordinaire Jan Peters s’engage dans des enquêtes le plus souvent absurdes au travers desquelles il s’autorise de multiples associations. Avec une aisance imparable, il s’empare du hasard et des situations fortuites dans lesquelles l’ont mené ses pérégrinations, les filme, les commente avec une virtuosité nerveuse, par des envolées rhétoriques où se mêlent commentaires philosophiques, anecdotes personnelles et banalités. De cette avalanche de paroles et d’images, il produit des films oscillant constamment entre tragédie et comédie, documentaire et fiction.

« Le 11 août 1999, j’ai mis une bobine de film Super-8 dans ma caméra et je me suis placé devant pour faire le résumé de ma vie de l’an passé, comme je le fais chaque année. Mais cette fois j’ai été dérangé par l’éclipse… »

 

PLAY de Christoph GIRARDET & Matthias MÜLLER
2003 / Beta SP / coul-n&b / son / 7′ 20 /

« Par leur montage de found footages (pellicule trouvée) représentant des spectateurs, Müller et Girardet décrivent un arc dramatique captivant. Il contient une concentration de suspense, monte, descend, connaît des hésitations, des pics, de la tension et de l’humour. Tout cela est un peu étrange car notre imagination peut plonger très loin dans la profondeur des visages ». Anke Groenewold

 

ENERGIE! de Thorsten FLEISCH
2007 / Mini DV / n&b / son / 5′ 03 /

L’écran vidéo, l’écran télé, s’anime sous l’impulsion contrôlée d’un flux d’électrons parcourant le tube cathodique. Pour ENERGIE! un décharge incontrôlée de 30000 volts sont envoyées à du papier photo pour au final créer cet objet expérimental et épileptique incomparable, créant de nouveaux systèmes visuels complètement dépendants de l’organisation, de l’emplacement des électrons.

 

TEACHING THE ALPHABET de Volker SCHREINER
2007 / Beta SP / coul-n&b / son / 3′ 34 /

« Apprendre à lire est un jeu d’enfant une fois que les lettres sont liées aux images. Teaching the Alphabet qui épèle l’alphabet dans un subtile montage de séquences de films, une scène d’ouverture introduit la relation élémentaire entre l’écriture et les images. … Le spectateur est ainsi attiré vers le décodage de références de plus en plus complexes, les lettres sont souvent seulement visualisées sans être nommée, assignant respectivement King Kong, Lassie, Marilyn Monroe à ‘K’, ‘L’, ‘M’. » Kristina Tieke

FALSE FRIENDS de Sylvia SCHEDELBAUER
2007 / Fichier numérique sur serveur / n&b / son / 4′ 50 /

Un montage de found-footage (pellicule trouvée) datant du milieu du siècle : des reliures mystérieuses sont tressées de manière obsédante et continuelle afin de créer une réflexion poétique à propos d’une interaction nerveuse entre mémoire et projection

DRIFT de Christina VON GREVE
2010 / Beta SP / coul / son / 7′ 30 /

Séquences oniriques utilisant du matériel 16mm développé par l’artiste. Je me souviens de mes rêves par les couleurs qui y sont : rouge, orange, jaune.
La cinéaste allemande Christina Von Greve travaille depuis plus de dix ans avec le matériau argentique. Ses films, au demeurant très éclectiques, se focalisent sur une réflexion sérielle et sur la disparition du référent. Elle utilise pour ce faire la répétition du motif, la surimpression, l’agrandissement. Une partie de son travail concerne le found footage ; elle joue alors sur l’alchimie de la pellicule et sur les va-et-vient entre la lisibilité du photogramme et son recouvrement total ou partiel par des motifs abstraits qui sont le résultat de l’altération du support. L’ensemble de son œuvre est marqué par une collaboration étroite avec le musicien C-Schulz, coréalisateur de certains films. La musique et l’image fonctionnent en symbiose pour créer des ambiances tantôt éthérées, tantôts dramatiques.

THE HANDEYE BONE GHOSTS de OJOBOCA (Anja Dornieden et Juan David González Monroy)
2012 / 16mm / n&b / son / 7’00 /

Une puce distinguée hypnotise le fantôme d’un homme distingué.
Une voix mécanique hypnotise un sujet invisible par une combinaison surréaliste de déclarations et d’un ensemble de commandes accompagnaient une série, également illogique d’images.

VIDÉOCANCER de Oscar Kranc (Oscar de Gispert)
2010/ vidéo/ col / son / 8’00

Le vidéocancer est une maladie caractérisée par une prolifération pixelaire anormale au sein d’un tissu vidéo normal, de telle manière que la survie de ce dernier est menacée. Et c’est ainsi même que le monde se termine.