Séance initiale : Mécanique de la Copie

En la présence de Franco Bosco et Rafael Marques, du laboratoire de la Cinemateca Portugesa.

 

Cette séance spéciale est le lancement du programme « Re-engineering the industry », dédiée à une machine du laboratoire de Mire, la tireuse contact Debrie, qui permet de copier du film 16mm. Lors des prochains mois, masterclass, workshop, résidence d’artiste, viseront à un dialogue entre artistes et techniciens en vue de pérenniser et de développer l’usage d’une machinerie délaissée par l’industrie du cinéma, et de s’en réapproprier l’usage à des fins artistiques.
Lors de cette séance d’ouverture mêlant discussion et projection, on évoquera le travail conduit au laboratoire de la Cinemateca Portugesa, la masterclass menée à Mire par deux de ses techniciens, et l’on verra des films, des débuts du cinéma à nos jours, qui sont autant d’exemples des possibilités créatrices ouvertes par l’accès de cinéastes à la machinerie de copie du cinéma.

Pour ouvrir cette séance, QUATRES VUES PHOTOGRAPHIQUES ANIMEES DU CINEMATOGRAPHE LUMIERE.
Dans les tout débuts du cinéma, le Cinématographe Lumière était à la fois caméra, tireuse et projecteur. La fonction de copie est inhérente à la machinerie « originelle » du cinéma. Si aujourd’hui caméra, tireuse et projecteur sont devenus distincts, ces appareils fonctionnent toujours sur des principes proches.


17-bicycliste(64) MAUVAISES HERBES, Opérateur: Auguste LUMIERE / 16 janvier 1896 / Fichier num / n&b / sil / 0’56 » /
“Des femmes font brûler dans un champ les mauvaises herbes mises en tas, et elles les retournent avec des fourches.”
(3) AQUARIUM, Opérateur: Louis LUMIERE / 22 mars 1896 / Fichier num / n&b / sil / 0’54 » /
Des poissons d’espèces différentes et des grenouilles évoluent dans un aquarium.
(17) BICYCLISTE, Opérateur: inconnu / hiver 1896-1897 / Fichier num / n&b / sil / 0’48 » /
Un jeune homme effectue quelques acrobaties à bicyclette sur le cours Gambetta (aujourd’hui cours Albert Thomas).
(1036) INTERIEUR D’UNE IMPRIMERIE (tirage d’une épreuve) Opérateur: inconnu / 6 août 1899 / Fichier num / n&b / sil / 0’40 » /
Dans une cour, un homme actionne une presse afin d’imprimer une affiche publicitaire pour le “Chocolat Menier”.


Puis, un film des tous débuts du cinéma, de l’autre côté de l’Atlantique, qui joue de la copie pour inverser le temps.

Demolishing_and_building_up_the_star_theatreBUILDING UP AND DEMOLISHING THE STAR THEATRE de Frederick S. ARMITAGE pour l’American Mutoscope & Biograph Co.1901 / Fichier sur serveur / n&b / sil / 3′ 39 /
« La démolition du Star Theatre, au croisement de Broadway et de la 13e rue, est filmée en time-lapse depuis les bureaux de la Biograph situés en face, à raison d’une exposition toutes les quatre minutes en journée, grâce à un dispositif électronique conçu pour l’occasion. Les publics successifs appréciaient particulièrement le moment d’inversion du film, où l’on voit le bâtiment se relever de ses ruines. » – Paul Spehr


Puis, une variété de films des années 30 à nos jours, où le processus de copie joue un rôle central dans le propos artistique.

legrice_rogerLITTLE DOG FOR ROGER de Malcolm LE GRICE
1968 / 16 mm / n&b / son / 13′ 00 /
Ici, le film «trouvé» (un petit garçon et son chien), tourné en 9,5mm, est passé à plusieurs reprises dans la tireuse 16mm ; les variations de vitesse et le mouvement ondulant de la bande originale renvoient ironiquement à la vitesse constante et à l’enregistrement rigide du film 16mm que nous sommes en train de regarder, ce qui fait naître une tension entre le fait que nous savons que le film original est constitué d’images statiques et l’illusion de mouvement continu qui lui est imparti. L’utilisation de pellicule trouvée et la répétition – renvoient bien sûr à l’esthétique «pop» alors dominante, mais le spectateur ne peut jamais se laisser aller à contempler benoîtement les images trouvées, car le grain important, la sous-exposition, les séquences en négatif et les passages à l’envers tendent non pas tant à ajouter des variations qu’à rendre ces images simples, difficiles à déchiffrer, donnant ainsi de l’importance à l’acte même du décodage.


les-tournesols-coloresLES TOURNESOLS COLORÉS de Rose LOWDER
1983 / 16 mm / coul / sil / 3′ 00 /
Les tournesols colorés est tiré à partir du même original que Les tournesols, mais avec des teintes bonbon, ce qui donne d’autres modulations aux mouvements filmiques.


rainbow-dance-len-lyeRAINBOW DANCE de Len LYE
1936 / 16 mm / coul / son / 5′ 00 /
Len Lye a tourné avec de la pellicule noir et blanc dont il a fait un film couleur en ajoutant des images peintes au pochoir et en manipulant les trois matrices du système Gasparcolor.


brokenhorsespmBROKEN HORSES de Peter MILLER
2007 / 16 mm / n&b / sil / 3′ 00 /
Un cheval noir et un cheval blanc sont entrelacés. En disposant en damier des tirages contacts de fondus enchaînés, des gestes et des courbes subtiles laissent place à des formes gracieuses et des lignes élégantes, et est en même temps une lamentation sur la fragilité des chevaux et leur propension à la domestication.


dresden-dynamo-lis-rhodesDRESDEN DYNAMO de Lis RHODES
1971 / 16 mm / coul / son / 5′ 00 /
Ce film traite essentiellement de la manière dont les images créent leurs propres sons en s’étendant sur la portion du film qui est « lue » par l’équipement de son optique. La copie finale a été finalisée à travers trois tirages consécutifs et séparés du même matériau original, sur une tireuse contact. La couleur a été ajoutée, avec des filtres, sur le tirage final. Le film n’est pas une pièce séquentielle. Il ne se développe pas crescendo. Il crée l’illusion d’une profondeur spatiale à partir de matériau basique, plat, graphique et brut ». Tim Bruce.


etienneshandETIENNE’S HAND de Richard TUOHY
2011 / 16 mm / n&b / son / 13′ 00 /
L’étude du mouvement d’une main agitée. Fabriqué à partir d’un plan de 5 secondes. Le son est composé d’un ancien air populaire français joué par une boite à musique à manivelle.

 


bricolage-david-rimmerBRICOLAGE de David RIMMER
1985 / 16 mm / coul / son / 10′ 00 /
Rimmer utilise une séquence de film télé et la répète au ralenti: le son se désynchronise progressivement de l’image. Le point se déplace sur la bande-son tandis que le spectateur anticipe la réunion de l’image et du son.

 

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