Plantation dépolluante

Un ancien site industriel reconverti en vitrine touristique n’est pas exactement un endroit idéal pour un jardin. Réalisés en amont de la construction du projet Fabrique, des analyses des sols révèlent une forte présence d’éléments inorganiques (dont des métaux lourds) au-delà des seuils réglementaires.
Fidèle à sa volonté de partir de l’existant et d’utiliser les interstices et les zones de flous pour créer des espaces de réflexions, des points de contacts entre les disciplines, Mire s’appuie sur ces relevés pour proposer une nouvelle plantation au Jardin C.

Présent dans les esprits depuis l’ouverture de La Fabrique, ce projet de plantation dépolluantes, ou de phytoremédiation, est mis en place au printemps 2013, après la fondation (2011) et la première mise en culture (2012) du Jardin C.

Plan-phyto-especes+metaux

2013, La Conquête végétale

Alors que les espèces indigènes commencent à envahir cette parcelle non-planifiée de plus en plus fertile, les jardiniers mettent en place une nouvelle plantation, plus méticuleuse et contrôlée, mais encore largement empirique et exploratoire.
Inspirés par les travaux de Mel Chin et Hans Haacke, Mire et les jardiniers participants délimitent des carrés de culture là où les relevés existants indiquent les plus grandes concentrations de Plomb, Cuivre, Cadmium, Zinc ou Arsenic.

Plantations dépolluantes - IMG_0151Avec l’aide du Laboratoire de Planétologie et de Géodynamique de l’Université de Nantes (LPGN), certaines espèces sont choisies pour leur capacité à concentrer dans leurs parties aériennes les métaux lourds situé dans le sol : des espèces accumulatrices voire hyperaccumulatrices.

Finalement, quatre espaces d’un mètre carré sont délimités au sol. Chacun correspond à l’un des prélèvements réalisées en 2006 et 2008. En fonction des quantités et types de métaux lourds révélé par ces prélèvements, on cultive sur ces carrés une à deux espèces (suivant une rotation sur l’année), chacune fixant un métal ou deux tout au plus.

Quand les plantes arrivent à maturité, lorsque leur biomasse est la plus importante, elle sont récoltées et traitées. Leur combustion permet de récupérer le métal accumulé et d’indiquer la quantité extraite par chaque spécimen. Et ainsi d’envisager la durée nécessaire pour dépollution complète…

Dépollution à durée indéterminée

Cette démarche encore exploratoire sur le plan scientifique est en plein essor et le LPGN travaille à son amélioration en cherchant à réduire le temps nécessaire à une dépollution réelle. Pour l’instant il faudrait plusieurs dizaines d’années de phytoremédiation intensive pour dépolluer le site significativement. La durée du projet au Jardin C n’est donc pas déterminée mais la première réussite est bien de montrer que même pour un sol pollué, il y a des alternatives à la mise en décharge, ne serait-ce que la végétalisation du site. Nouvelle preuve que les déchets et résidus des industries du XIXe siècle n’ont pas fini de nous amener à repenser notre rapport au monde.

Projet en collaboration avec le Laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes (LPGN), en les personnes de Thierry Lebeau, Armelle Braud et Pierre Gaudin;
avec l’aide du SEVE;
et le soutien de la Fondation Banque Populaire.

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Données utilisés pour la mise en place du projet phytoremédiation du Jardin C à la présence de métaux lourds sur le site du projet Fabrique :

  Jardin C  
Metaux / N° relevé SP5 T1 T2 P12 P13 P19 teneur ordinaire
Arsenic (mg/kg ms) 50 62 35 78 57 40 anomalie modérée
Cadmium (mg/kg ms) <0,40 0,41 0,51 1,2 4,6 0,82 anomalie forte
Chrome (mg/kg ms) <1 15 75 27 70 25 anomalie très forte
Cuivre (mg/kg ms) <5 26 39 2000 2000 1900
Mercure (mg/kg ms) <0,08 <0,10 0,19 1,1 0,13 0,23
Nickel (mg/kg ms) <5 13 41 43 56 55 Données issues des rapports des diagnostics de pollution réalisés par la société ARCADIS dans le cadre du projet de La Fabrik (sic) à Nantes sur le site Dubigeon.
Plomb (mg/kg ms) <8 220 53 950 1400 540
Zinc (mg/kg ms) <10 530 240 1200 2900 1100
Montage à partir des plans d'analyses des sols, superposition des études de 2004 et 2006.
Montage à partir des plans d’analyses des sols, superposition des études de 2004 et 2006.