Pour cette seconde soirée de prisme#7, un programme en deux temps pour accueillir la nuit au son des projecteurs analogiques. Au beau milieu de ces deux séances riches en propositions filmiques, une forme live surgit entre les fauteuils et l’écran du Cinématographe venant mettre à mal la conception bidimensionnelle de ce que l’on nomme ci-né-ma . . .
PROGRAMME :
- 18h30 – Première séance
Cette séance éclectique de 6 films nous fait voyager sur une échelle temporelle intergénérationnelle de 26 années, de la Lettonie à l’Inde en passant par l’Allemagne et les Pays-Bas. Formes documentaire, hautement picturales ou malicieuses narrations, sur ce chemin nous rencontrerons des merveilles de la mécanique cinématographique, des maximes Yogi Tea et de somptueux éclats de lumière.
Analogue Natives de Bernd Lützeler (DE)
2001-2025 / 35mm & numérique / couleur / sonore / 25’/ proposé par LaborBerlin
Le film celluloïd était leur seul amour, mais soudainement, travailler avec ses machines anciennes et colossales est devenu simplement trop épuisant et incommode.
Signals de Petra Graf (DE/AUST)
2024 / 16 mm / couleur / sonore / 2’26 / proposé par MIRE
« Des tubes semblent sortir des hautes herbes sèches tandis que des enregistrements de cris de chauve-souris se font entendre. La tête d’un phare délivre lentement son appel binaire, accompagné d’une profonde tonalité industrielle et encerclante. Une réponse se dessine sous les traits d’un deuxième ensemble de tubes, saillant d’un immeuble comme des canons. Les signaux, à la fois auditifs et visuels, peuvent être lus comme une sorte de Morse abstrait. »
Lost fps // they come out in the dark de Sintija Andersone (LV)
2023 / 16mm / couleur / sonore / 5′ / proposé par Baltic Analog Lab
« Ce voyage 16mm fut détruit à la fois par ma négligence et par des produits chimiques domestiques. C’était un jour d’hiver très froid, et j’avais convaincu ma mère de me laisser la filmer, elle et son cheval, dans un paysage enneigé. Le vent était glacial, et nous étions tous grelottant, mais j’étais impatiente de développer les images que j’avais tournées. Je suis allée au laboratoire et effectué le développement, mais après avoir ouvert le tank, je ne voyais aucune image, seulement une bande noire de film. J’avais fait une erreur en tournant et perdu l’entièreté de la bobine. Donc, je me suis résolue à la détruire encore plus. Image par image, un nouveau monde avec des paysages fondus et des figures étranges s’est révélé à moi et le film et ses couches colorées ont pris vie. »
Fioritura de Raluca Croitoru et Elena Butică, NL
2023 / 16mm / NB / sonore / 5′ / proposé par Filmwerkplaats
« Filmé en 16mm, Fioritura est une suspension viscérale du quotidien. Les protagonistes naviguent des émotions crépitantes et des contradictions internes; ils utilisent le dégoût et le toucher pour passer du superficiel à la profondeur personnelle. Les entrailles et la ville s’époumonent à capter leur attention. Tandis que des mains passantes rêvent de manucure, des maximes attachées à des sachets de tisane deviennent des prophéties instantanées. «
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Monologue Extérieur de Francien van Everdingen (NL)
2008 / 16mm / couleur / silencieux / 2’35 / proposé par Filmwerkplaats
« Ce film est inspiré par les tableaux de Edouard Vuillard. Des fragments d’un intérieur apparaissent depuis la pénombre comme les pièces d’un puzzle qui ne semblent pas pouvoir s’agencer. Les murs parlent réellement, d’un chuchotement au bourdonnement jusqu’à une conversation enjouée à propos du monde en dehors des quatres murs de cette chambre minuscule. Un kaleïdoscope botanique de cimes, feuilles vertes et bourgeons à la saveur claustrophobe teintée de névrose. »

Hiperdroms de Māris Viģelis et Egons Zīverts (LV)
1998 / 16mm / noir et blanc / sonore / 10′ / proposé par Baltic Analog Lab
Le film s’ouvre aux sons de « Only You’ d’Elvis Presley, des signaux matinaux de la radio moscovite, des grincheux du Kremlin et de l’hymne soviétique. Un jeune homme apparaît, fumant et se rasant devant la caméra, mais ses cheveux ne cessent de pousser à une telle vitesse qu’après quelques minutes son corps ressemble à celui d’un animal. Le film évoque le caractère rétrograde de l’ordre Soviet, avec des éléments de performance. L’artiste Jānis Viņķelis joue le rôle du protagoniste.
- 20h45 – Projections & Performance
Cycles du vivant et figures de la démultiplication traversent, avec une nostalgie évanescente, cette séance qui combine une forme live et une sélection de 5 films.
It took a long time for it to open its leaves, performance de Ieva Balode & Biliana Voutchkova (LV/BG)
2023 / 3 projecteurs 16mm, obturateurs externes, violon, enregistrements sonores, voix / 35′ / proposé par Baltic Analog Lab
Cette première collaboration entre Ieva Balode et Biliana Voutchkova s’engage dans un dialogue multifacette entre leurs outils artistiques et l’environnement sur lequel elles méditent. Elles réagissent aux stimuli découverts dans les procédés de transformations contenus dans la nature, appliqués aux états psychologiques humain qui informent leur composition audiovisuelle en temps réel. La documentation d’un arbre à travers l’hiver, le printemps et l’été se fait le reflet du temps qui passe et de l’inévitable transformation que cela implique. Le comble du fantasque : l’arbre est tombé peu de temps après avoir été documenté pour cette performance, laissant ses seules traces rémanentes sur le film photochimiques et ses multiples copies.
Shedding de Vicky Smith (GB)
2024 / 16mm / noir&blanc / silencieux / 4′ / proposé par MIRE
« Une performance pour caméra Bolex dans laquelle les notions de stabilité et de mouvement sont physiquement mises en oeuvre en filmant à différentes vitesses de prise de plan. Une figure immobile, saturée de lumière, apparaît comme largement surexposée. Tandis que les couches de l’émulsion se délogent et pèlent, il devient visible que l’exposition est correcte et qu’en réalité la luminosité est causée par des superpositions multiples et répétées. »
1014 de Deborah Phillips (DE)
2024 / 16mm / couleur / sonore / 9′ / proposé par LaborBerlin
« Ma mère, Carol Frieda Herman P. Hirsch, Chaya bas Moshe ve Yehudit, est décédée le 23 Juin 2022. Elle a vécu la fin de sa vie comme elle le souhaitait, chez elle, sous les arbres majestueux qu’elle admirait par la fenêtre, au son des chants d’oiseaux, de musique et entourée de ses livres. Si elle manquait parfois de forces, elle aimait sentir le parfum de ses plats préférés et appréciait les choses simples.
L’état de l’ancienne pellicule 16mm sur laquelle j’ai travaillé correspond assez bien à cette phase de fin de vie où on est abîmé et où on meurt petit à petit. »
NYC RGB de Viktoria Schmid (AT/US)
2023 / 16mm / couleur / sonore / 7′ proposé par MIRE
« Dans NYC RGB, Viktoria Schmid nous montre New York comme nous ne l’avons jamais vu, grâce à des procédés empruntés à l’histoire du film couleur. Les images, exposées trois fois à travers des filtres de couleurs différentes, mêlent les éléments chromatiques, spatiaux et temporels de manière à créer une perception qui ne peut exister qu’à travers le médium argentique. Une preuve de la capacité du cinéma à faire éclater une réalité nouvelle. Ce film appartient à une série d’oeuvres dans lesquelles Schmid se penche sur les premiers procédés couleur de l’histoire. »
Musique de Liew Niyomkarn.
La aparición de Tezcatlipoca (chapitre 1 et 2) de Annalisa D. Quagliata (MX)
2018 / 16mm / couleur et noir&blanc / sonore / 15′ / proposé par MIRE
Un portrait de Mexico City en 16mm utilisant des techniques « faites maison » de réalisation filmique. Ce film fait appel aux images du passé préhispanique de la ville à travers son paysage contemporain.
Broken Blossoms de Miles McKane (FR)
1992 / Super 8 vers 16mm / couleur / sonore / 6′ / proposé par MIRE
« Une métaphore cinématographique, conçue comme une partie d’une compilation de films sur le Sida, il s’agit d’une translation émotionnelle par rapport à la maladie. La juxtaposition de la musique et des images crée des conflits mettant en jeu des éléments qui, pris à part, apparaîtraient comme insignifiants. Réalisé dans le cadre de SI FILM DA. »
