Le cinéma fût le premier art inéluctablement mécanique. Mais dans cette ère post-mécanique, l’apparatus traditionnel du cinéma a trop rapidement été considéré comme obsolète et primitif. Cependant la reprise d’une machinerie industrielle par des utilisateurs anti-industriels représente une des premières opportunités créatives de ré-appréciation et de ré-interprétation de notre propre nature, transformée par l’ère des machines.
Ère post-mécanique, l’humanité de la machine peut être rendue évidente. Ère post-mécanique, le travail avec la machine est le nouveau travail manuel.
Ce programme présente 7 films récents des ciné-expérimentateurs DIY Richard Tuohy et Dianna Barrie, explorant l’apparatus primitif du cinéma et la relation de la main à la machine.
En présence des cinéastes!
Flyscreen 16mm 2010 8 min
Flyscreen est un film « rayogramme » sans caméra, fait par des superpositions de moustiquaires sur du film vierge 16 mm, puis exposé à la lumière. Le son qu’on entend est le son optique des images lu par le lecteur son optique.
Ginza Strip 2014, 9 minutes, 16mm, Richard Tuohy and Dianna Barrie
Le Ginza de la fable et de la mémoire. C’est le film que j’ai fini en utilisant la technique « chromaflex » que nous avons développée. C’est un procédé d’intervention véritablement manuelle dans le développement couleur qui permet de sélectionner des zones du film qui seront positives couleur, négatives couleur ou noir et blanc.
Etienne’s Hand 2011, 13 minutes, 16mm, Richard Tuohy
L’étude du mouvement d’une main agitée. Fabriqué à partir d’un plan de 5 secondes. Le son est composé d’un ancien air populaire français joué par une boite à musique à manivelle.
Crossing Richard Tuohy 2016 16mm 11 min
De l’autre côté de la mer. De l’autre côté de la rue. Des images en traitement croisé des voisins sous tension que sont la Corée et le Japon dans une mer pointilliste de grains.
Pancoran 2017, 9 minutes, 16mm, Richard Tuohy and Dianna Barrie
La circulation de Jakarta se meut avec le chaos harmonieux d’entités auto-organisées partout. A travers les techniques de caches dans la tireuse contact, ce transport de masse devient de plus en plus dense jusqu’à ce que seule la futilité fluide du mouvement/de l’immobilité reste.
La circulation de Jakarta représente le paradoxe du mouvement.
Seoul Electric 2012, 7 minutes, 16mm, Richard Tuohy
Une métropole d’Asie du Nord. Des fils électriques tissés comme d’épaisses toiles ornent les rues. Des étincelles de couleurs électrifient le cadre.
Filmé à Séoul en noir et blanc. Colorisé au développement à l’aide de lumières colorées.
Inside the Machine 2016, 12 minutes, 3 x 16mm, Richard Tuohy and Dianna Barrie
LIGNES D’INTERFERENCE: Chaque projecteur est chargé avec simultanément deux boucles de film. Les images sur les boucles sont des lignes horizontales. Les lignes changent de taille et de fréquence au gré des zooms de la caméra qui s’approche et s’éloigne. VOIX DE LA MACHINE : Dans ce champ émergent les mains des opérateurs. Les doigts de ces mains créent de nouveaux motifs de lignes. Au fur et à mesure, ces ombres de mains sont elles-mêmes remplies de la trame croisée de lignes alors que la durée des pulsations du projecteur augmente encore. Les mains deviennent désincarnées. Elles sont intégrées aux lignes. C’est comme ça que marche le cinéma.